Que fais-tu ? Quel est ton projet ? Son nom ? Son concept ?
Le projet sur lequel je travaille s’appelle Ecopap. Il est né il y a quelques années déjà, en 2015 avec trois amis, dans un contexte bien précis : l’application imminente de la loi de transition énergétique 2015 qui mettait fin à la distribution de sacs plastiques à usage unique par les commerçants.
Nous sommes partis du constat à l’origine de la loi. En Europe, 200 sacs plastiques par personne étaient consommés chaque année (80 en France relativement bonne élève en la matière). Cela représentait tout de même pour l’Europe 8 milliards de sacs plastiques jetés dans la nature tous les ans. La loi partait d’une bonne intention mais a été quelque peu inefficace car si elle a interdit les sacs plastiques à usage unique, elle a autorisé la commercialisation de sacs plastiques 5 à 10 fois plus épais, au motif qu’il s’agirait de sacs réutilisables. Mais dans les fait, les gens ne les réutilisent que très peu. Résultat : une augmentation de la consommation de plastique.
C’est cette situation qui nous a alerté et nous avons lancé Ecopap, une société qui distribue des sacs en papier fabriqués en France, l’usine est à côté de Poitiers, et issues de forêts gérées durablement. Nous travaillons avec des associations à qui l’on reverse une partie des bénéfices liés à la vente de ces sacs. Le paiement est comme pour les sacs plastique réutilisables à la charge du client final. Nous distribuons nos sacs auprès de commerces de proximité, et plus particulièrement des commerces de bouche et souhaiterions à terme, pourquoi pas, toucher la grande distribution.
C’est donc un projet qui n’a rien à voir avec le web, chose peu commune à La Web School Factory.
Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Aujourd’hui, c’est surtout moi qui fait avancer le projet car nous sommes tous les quatre sur la fin de nos études. Deux d’entre nous ont même commencé à travailler et n’ont plus vraiment le temps de s’occuper du projet. En revanche, mon cursus aménagé me permet de me consacrer pleinement à Ecopap.
Nous avons déjà une usine qui travaille pour nous. Nous avons sélectionné des commerçants à Levallois et lancé une phase de test. Pour chaque commerce test, le client a le choix entre l’ancien sac gratuit ou notre sac payant. L’objectif : nous permettre de voir comment les clients accueillent notre offre, comment les commerçants leur présentent.
Les premiers retours ne sont pas encore très concluants mais néanmoins très instructifs. On constate une réelle différence entre les typologies de commerce. Les boutiques de restauration rapide qui n’ont pas le temps de présenter notre offre ont du mal à écouler leur stock de sacs. L’épicerie et la boulangerie peinent également à convaincre les clients. En revanche, le primeur a écoulé tout son stock. Les personnes qui achètent fruits et légumes dans ce type de boutique et non en grande distribution sont plus sensibles à nos valeurs.
Aujourd’hui, nous analysons le retour de ces deux mois de tests. On se dit que, finalement, on ne peut pas toucher tous les commerçants et que l’on devra cibler davantage nos partenaires. Il faudra maintenant définir avec quel type de commerce développer notre offre. Les mentors de La Web School Factory, les intervenants qui m’accompagnent dans ce projet sont d’une aide précieuse.
La prochaine étape, c’est quoi et quand ?
Sans hésiter : continuer les tests en élargissant puis enchaîner sur des partenariats avec davantage de commerçants. Dans un futur, la loi de transition énergétique s’appliquera à d’autres emballages, aux assiettes et couverts en plastique. Nous souhaitons être présents aussi sur ce créneau.
Pourquoi avoir opté pour l’entrepreneuriat en 5ème année ?
J’ai déjà effectué ma 4ème année en cursus entrepreneuriat avec des horaires aménagés sur une partie de l’année et quelques heures de suivi en plus. Ces prémices m’ont donné envie de continuer l’aventure en cinquième année. La Web School Factory propose ce format pour la deuxième année consécutive. L’an dernier, il y avait une dizaine de projets. Cette année nous sommes 5 étudiants à avoir opté pour le cursus entrepreneuriat. L’école a donc repensé le format pour un accompagnement plus sur-mesure. On est très bien entouré.
D’ailleurs, si j’ai choisi ce cursus sans trop me poser de questions, c’est pour la qualité des intervenants qui sont aussi nos mentors et nous guident tout au long de notre projet. Ils sont une dizaine et interviennent dans les domaines du Design, de la Tech, du Marketing, de la stratégie-business plan mais aussi du droit par exemple. Nous les connaissions déjà car ils ont été nos professeurs les années précédentes. S’ils ont chacun leur spécialité, ils peuvent aller bien au-delà et ont une vision très large, bénéfique au développement de nos projets.
Comment fonctionne ce cursus ?
Nous avons une semaine de cours et trois semaines de développement de nos projets avec un accompagnement par nos mentors. Nous avons également des rendez-vous toutes les deux semaines avec Madjid Yahiaoui, le responsable de la filière entrepreneuriale pour voir comment évolue le projet et faire le point sur le suivi des intervenants. Il fait ensuite un retour à notre directeur pédagogique. Nous avons aussi un certain nombre de rendus pédagogiques pour la validation de notre diplôme.
Être un étudiant entrepreneur, c’est comment ? On se sent plus étudiant ou entrepreneur ?
On ne sait pas trop si on est étudiant ou entrepreneur, que ce soit au niveau de notre projet ou de La Web School Factory. Il est parfois difficile de se positionner car on doit changer de casquette en permanence.
Les autres étudiants qui ont fait le choix de l’alternance dans de grands groupes progressent vite sur quelques compétences données. Nous, en lançant notre projet, on monte plus lentement mais sur un très grand nombre de compétences. C’est un apprentissage permanent. Et ça, je crois que c’est ce qui est le propre de l’étudiant comme de l’entrepreneur ! On apprends tout le temps, on essaie tout le temps.
Nous sommes des entrepreneurs et des étudiants car nous bénéficions aussi d’une formation et d’un suivi de mentors. Cet accompagnement est très utile car il est parfois très compliqué, surtout quand on est seul, de se poser les bonnes questions et de faire les bons choix. Il est alors appréciable de pouvoir se tourner vers ses mentors et de changer de casquette pour mettre celle d’étudiant quand on en a besoin.